Et si Chancel Mbemba détenait la clé du verrou marseillais
Les difficultés actuelles de la défense centrale de l'Olympique de Marseille ces dernières semaines remettent la gestion du cas Chancel Mbemba sur le devant de la scène, ce dernier ayant été mis de côté depuis le début de saison pour avoir refusé de partir l'été dernier.
Quarante ans... Quarante ans que l'OM n'avait pas dépassé la barre des 40 buts concédés après 29 journées de championnat. Après Auxerre (3-0), Paris et Reims (3-1), les Olympiens ont pris une nouvelle correction à l'extérieur en encaissant un nouveau 3-0 sur la pelouse de Monaco.
Le manque de joueurs disponibles en défense centrale, et les errements régulièrement pointés du doigt de la défense marseillaise depuis le début de saison, sont ainsi venus remettre en lumière le cas Chancel Mbemba, sous contrat, mais mis au placard depuis cet été après deux saisons pleines sous le maillot de l'OM.
Un sentiment d'urgence
Même si l'équipe de Roberto De Zerbi est encore troisième au classement, à un petit point des Monégasques avant la réception ce samedi du dernier Montpellier, la porosité de la défense marseillaise est un point de préoccupation récurrent.
La situation ne s'est pas arrangée cet hiver suite au départ de Lilian Brassier compensé par l'arrivée d'un Luiz Felipe qui peine à revenir à 100% après une longue convalescence. Elle l'est d'autant plus depuis la blessure au genou de Leonardo Balerdi, capitaine de l'équipe, contractée à Reims il y a trois semaines.
Alors que la concurrence revient aussi très fort, et que la sixième place n'est plus qu'à deux petits points, le technicien italien dispose d'une marge de manœuvre quasi-nulle pour articuler sa défense centrale à trois éléments, où Geoffrey Kondogbia et Amir Murillo ont récemment été replacés.
Deux raisons s'opposent alors s'agissant du cas Chancel Mbemba. Il y a la logique politique, qui restera sur sa ligne d'exclure son défenseur jusqu'à la fin de la saison, pour le sanctionner d'avoir refusé de partir l'été dernier. Et la raison purement sportive, qui suggérerait de le réintégrer pour contribuer à aider l'équipe dans la quête de ses objectifs, même s'il ne reste que cinq matchs à jouer.
2023-2024, une bonne saison pour Chancel Mbemba
Sportivement, seul l'intéressé connaît son niveau de condition physique. Toujours capitaine de la République démocratique du Congo avec qui il a participé aux éliminatoires pour la Coupe d'Afrique en début de saison, Chancel Mbemba sortait d'une bonne saison 2023-2024 avec l'OM. Même si le club a terminé 8e du championnat, ses performances lui ont notamment valu de porter le brassard de capitaine à six reprises.
On peut même ajouter que c'est principalement lorsqu'il a été absent que les Marseillais ont souffert avec seulement deux succès en douze matchs, dont une victoire en Coupe de France 1-0 face à Thionville. Sa participation à la CAN durant l'hiver a coïncidé avec une série de quatre matchs sans victoire (trois nuls, une défaite) en Ligue 1 et d'une élimination en Coupe de France. Puis lors de sa blessure au genou en avril, avec là encore quatre matchs d'absence, l'OM n'a guère fait mieux avec une victoire, deux nuls et une défaite qui avaient plombé la course à l'Europe.
L'histoire a retenu que c'est avec le brassard de capitaine que Chancel Mbemba a disputé son dernier match avec l'OM, il y a presque un an, le 19 mai 2024 face au Havre. Qui aurait alors pu imaginer une telle suite, onze mois plus tard ?
Au bon souvenir de Rod Fanni
Il y a dix ans, lors de la saison 2014-2015, le défenseur latéral et international français Rod Fanni a traversé une situation similaire. Comme Chancel Mbemba, lui aussi, a connu le « loft », où sont placés les joueurs indésirables durant l'été.
En mauvais termes avec la direction de l'époque, Rod Fanni avait ainsi dû prendre part à la préparation avec l'équipe de CFA jusqu'à ce que l'assistant Franck Passi ne parvienne à convaincre l'entraîneur de l'époque, un certain Marcelo Bielsa, de le tester.
Réintégré au groupe et titulaire contre toute attente le 14 septembre lors de la 5e journée sur la pelouse d'Evian Thonon-Gaillard, le natif de Martigues s'était alors montré décisif dès les premières secondes du match avec une passe lumineuse pour le but d'André-Pierre Gignac. Ce soir là, la raison sportive avait fini par l'emporter sur la ligne politique, et c'est l'OM qui en était sorti grandi. Une histoire suffisamment belle pour qu'on s'en souvienne encore, dix ans plus tard.