Novak Djokovic est-il redevenu le favori de l'US Open ?
Tout juste auréolé de son titre de champion olympique, le Serbe arrive en pleine bourre sur le Majeur new-yorkais dont il est tenant du titre.
On le pensait abîmé, peut-être même finalement à l'épreuve du temps. La saison 2024 de Novak Djokovic semblait cernée par le doute quand il avait dû être opéré du genou après Roland-Garros, touché par une lésion du ménisque. A peine deux mois plus tard, le Serbe a accompli son rêve, celui de compléter son palmarès XXL de la médaille d'or olympique, la seule distinction d'envergure qui lui faisait défaut. A tel point que le joueur de 37 ans peut très légitimement aborder l'US Open à partir de lundi avec l'étiquette de principal prétendant, après une première partie d'année loin de ses standards.
Douter des chances de Novak Djokovic en Grand Chelem peut passer pour une erreur de jugement. Mais comme rarement dans sa carrière, les vents semblaient cette fois tous contraires. Six premiers mois sans le moindre titre, la blessure de Roland-Garros, son retour express à Wimbledon ponctuée par une défaite sévère en finale contre Carlos Alcaraz… Les motifs de croire à un recul, voire à un déclin de Djokovic prenaient de l'ampleur. Le tournoi olympique des Jeux de Paris a tout balayé.
Un niveau de jeu retrouvé
Même pas encore à 100% physiquement et avec une genouillère, Novak Djokovic a livré durant la quinzaine parisienne ses meilleures prestations en 2024. Sa victoire en finale face à Alcaraz qui venait de le rosser dans son jardin de Wimbledon, sur la terre battue chérie du jeune Espagnol, peut s'inscrire au panthéon des plus grands exploits accomplis par le "Djoker".
Le Serbe va désormais devoir parvenir à gérer la redescente de son nuage d'émotions, ses chaudes larmes sur le court Philippe-Chatrier au terme du match qu'il a lui-même qualifié de "plus important de sa vie" et les célébrations populaires à Belgrade si fortes aux yeux de Djokovic. "Gagner une médaille d'or pour mon pays, c'était ma priorité tous les jours" avait-il assuré à France Télévisions, breloque autour du cou.
C'est avec une confiance à son maximum qu'il va désormais retrouver l'US Open. Et s'il a terminé la collection de ce que le tennis a à offrir avec le titre olympique, le Majeur américain dont il est le tenant du titre a des airs de nouveau défi à même de le transcender.
Record absolu de Majeurs, doublé rarissime, année blanche à éviter… Un tournoi et des multiples défis
Novak Djokovic ne s'en est jamais caché, il ne "croit pas aux limites" comme il l'affirmait en 2020 à l'émission télévisée américaine "In Depth with Graham Bensinger". Même si ses 24 titres en Majeur semblent a priori indétrônables avant quelque temps, "Nole" est une bête assoiffée de records. "Ce n’est pas un secret, je veux en battre d’autres et continuer à écrire l’histoire du tennis" avait-il assuré avant l'Open d'Australie en début d'exercice. Une 25e levée du Grand Chelem et le Serbe serait seul sur sa planète, laissant derrière lui Margaret Court, avec qui il est pour le moment à égalité.
Même touché par sa défaite en finale de Wimbledon par Carlos Alcaraz, il avait assuré que les Jeux olympiques et l'US Open étaient "ses deux grands objectifs pour le reste de la saison". Le tournoi dans la Big Apple est sa dernière chance de gagner un Grand Chelem cette saison, et éviter une première saison fanny depuis 2017, quand son corps le trahissait.
La gageure est d'autant plus grande qu'il ne serait que le deuxième homme de l'histoire à enchaîner titre olympique et victoire lors de l'US Open. Seul Andy Murray en 2012 était parvenu à pareil exploit, déjà en alternant entre deux surfaces différentes, du gazon londonien au dur new-yorkais. Novak Djokovic va, lui, débarquer de la terre battue parisienne sans préparation, puisqu'il n'a pas rejoué depuis le 4 août et son sacre aux JO.
Une concurrence dans le flou
Face à lui, la concurrence n'arrive pas dans des dispositions optimales. Visiblement encore marqué par son revers en finale olympique, Carlos Alcaraz a dégoupillé lors de son élimination d'entrée au Masters 1000 de Cincinnati face à Gaël Monfils, se montrant nerveux comme probablement jamais auparavant dans carrière. Le numéro un mondial Jannik Sinner va, lui, traverser un torrent médiatique après la révélation lundi de ses deux contrôles antidopage positifs pour lesquels il a finalement échappé à une suspension. Dans le contexte déjà électrique par nature de cet US Open, l'Italien va devoir garder la tête froide face au premier soubresaut de sa carrière jusqu’alors météorique.
Hasard du tirage au sort, Novak Djokovic va en plus éviter de croiser Alcaraz, Sinner ou encore Daniil Medvedev, sa victime en finale l'an passé, placés dans la partie haute du tableau. Djokovic a hérité de plusieurs obstacles solides sur son chemin, comme pour mieux jauger de son envie et de son état de forme. De possibles retrouvailles au deuxième tour avec son compatriote Laslo Djere, le seul à l'avoir fait douter lors de l'édition 2023 (il menait 6-4, 6-4 avant de perdre en cinq sets). Puis l'Australien Alexei Popyrin, vainqueur surprise du Masters 1000 de Montréal début août, au troisième tour et en huitièmes de finale l'Américain Ben Shelton, qu'il avait écarté en demi-finale un an plus tôt.
Andrey Rublev et Alexander Zverev seraient sur le papier ses plus féroces adversaires sur le chemin de la finale. Du très costaud oui, mais pas des vainqueurs en Majeur. Djokovic, lui, n'en connait que trop bien la voie.