La reprise du Top 14 en cinq questions
Le championnat de France de rugby reprend ses droits samedi avec un premier match Bayonne -Perpignan (14h30) pour une saison riche en promesses.
Le rugby français veut retrouver un peu de "normalité". Le Top 14 débute ce week-end avec cinq matchs samedi, et l'affiche Perpignan – Bayonne en ouverture. Cet exercice intervient après une saison 2023-2024 débutée en pleine Coupe du monde, puis un été marqué par les drames et les scandales. La reprise du championnat se fait ainsi dans un contexte lourd et les acteurs espèrent désormais que le jeu reprendra le pas sur l'extra-sportif. Les raisons d'attendre avec impatience cette saison ne manquent pas, les interrogations avant son coup d'envoi non plus.
Toulouse peut-il faire le triplé ?
Quatre titres sur les cinq derniers attribués. Une domination sans véritable partage en 2023-2024, et l'Union Bordeaux-Bègles désossé en finale (59-3). Mais qui peut donc bien avoir la peau du Stade Toulousain ? Les Rouge et Noir seront les grands favoris à leur propre succession, tant ils ont impressionné ces derniers mois et ont conservé la même ossature. Reste que le défi de signer le triplé après 2023 et 2024 serait un vrai tour de force.
Depuis la création du Top 14 en 2005, aucune équipe n'est parvenue à remporter le bouclier de Brennus trois fois consécutive. Il faut remonter à ces mêmes Toulousains, champions entre 1994 et 1997 pour trouver pareille série entamée, il y a trente ans. La Rochelle, plombée par un sérieux retard à l'allumage l'an passé, voudra retrouver de sa superbe et ne manque pas d'atouts. Le Stade Français voudra confirmer que son retour au tout premier plan en 2024 n'était pas qu'un exploit sans lendemain. Quant à Bordeaux Bègles, son plafond de verre des demi-finales enfin brisé et un recrutement d'expérience (l'Ecossais Jonny Gray, l'Irlandais Joey Carbery, Arthur Retière…) en font un outsider sérieux.
Que nous réserve encore Antoine Dupont ?
Après une saison à se balader du XV au rugby à 7 et avec succès après son titre olympique avec l'équipe de France, Dupont retrouve son costume de dépositaire toulousain à plein temps. Le demi de mêlée sera davantage disponible et ne devrait avoir aucun mal à retrouver toutes ses sensations. Il a même été vu à l'entraînement dès cette semaine alors qu'il est encore officiellement en vacances, le temps de souffler un peu.
Mais le meilleur joueur du monde en 2021 nous réserve encore peut-être quelques surprises. Son entraîneur Ugo Mola ne compte en tout cas pas s'arrêter là dans les expérimentations avec sa plaque tournante. "Antoine Dupont a des fourmis dans les jambes, a-t-il assuré dans l'émission Des Mauls et Débats de ViàMidol. Il a forcément envie d’être exposé ailleurs. Antoine, au poste de centre, et notamment de 13, a envie de pouvoir tenter quelques rencontres." Ce nouveau poste pourrait lui offrir davantage de liberté, se rapprochant de ce qu'il a pu découvrir à sept avec les Bleus.
Qui peut bousculer la hiérarchie ?
Derrière Toulouse champion, les prétendants aux phases finales maintiennent le niveau. L'UBB, le Racing 92 et le Stade Rochelais ont terminé une fois de plus dans le Top 6, comme à chaque fois depuis 2020-2021. Le retour en grâce du Stade Français, deuxième de la saison régulière et en tête du classement une grosse moitié de la saison, a offert un peu de suspense. La formation parisienne compte sur un recrutement conséquent pour amener un peu plus de folie dans son jeu offensif.
Plusieurs équipes souhaitent imiter les hommes de la capitale et bousculer l'ordre établi. L'Aviron Bayonnais a misé gros sur son mercato pour retrouver des couleurs. De nombreux habitués du Top 14 ont débarqué comme l'ancien du Racing Baptiste Chouzenoux, l'ex-ouvreur du Stade Français Joris Segonds ou encore Baptiste Germain, barré en charnière à Toulouse. Surtout, la signature de l'international anglais Manu Tuilagi pourrait être un des beaux coups de l'été.
Quels sont les transferts majeurs de l'intersaison ?
A l'instar de Tuilagi, de nombreux joueurs britanniques ont garni les rangs des équipes du Top 14, qui s'est doté de quelques très jolis noms. Autre ancien cadre du XV de la Rose, le troisième-ligne Billy Vunipola est à la relance autant que son nouveau club, Montpellier, qui a aussi misé sur l'Ecossais Stuart Hogg, qui avait pourtant raccroché les crampons il y a un an, avant d'être accusé de violences conjugales, pour lesquelles il comparaîtra le 10 septembre prochain. Mais aucun de ces CV n'atteint celui d'Owen Farrell, certainement la recrue phare de l'été, récupérée par le Racing 92. L'ouvreur anglais va évoluer pour la première fois loin des Saracens et formera une charnière alléchante avec Nolan Le Garrec.
Parmi les Tricolores également transférés, le nouveau membre du XV de France Antoine Frisch est un des plus intriguants. Après avoir explosé outre-Manche, en particulier au Munster, le centre fait son retour dans l'Hexagone avec Toulon, toujours ambitieux. Aaron Grandidier sera une autre curiosité de la rentrée, lui qui s'est montré brillant avec l'équipe de France à 7 aux côtés notamment d'Antoine Dupont. L'ailier s'est engagé à Pau, une des bonnes surprises de la saison passée.
Vannes peut-il éviter de faire l'ascenseur ?
Le champion de France sortant de Pro D2 va découvrir l'Elite, après huit ans à espérer devenir le premier club breton à évoluer en première division. Les Morbihannais du RC Vannes aura des airs d'anomalie, dans un Top 14 très largement tourné vers la moitié Sud de la France. Les pensionnaires du Stade de la Rabine vont avoir très fort à faire pour espérer se maintenir. "On est promu, on a de loin la plus petite masse salariale… C'est une évidence que les observateurs nous mettent en difficulté cette année, admet l'entraîneur Jean-Noël Spitzer. Celui qui dit le contraire n'est pas objectif."
Le technicien en convient, il y a "un gap énorme avec la Pro D2" et va le découvrir de plein fouet dès dimanche avec la réception du Stade Toulousain. Les Vannetais pourront miser sur leur bouillant public mais aussi sur des cadres rompus à la division comme le centre néo-Zélandais Francis Saili, qui a faim de jeu après une saison à combler les trous des feuilles de match du Racing 92 comme joker Coupe du monde, ou à la recherche de nouveaux défis à l'image de Mako Vunipola, 79 capes avec l'Angleterre.