MotoGP : Fabio Quartararo attend des jours meilleurs
Neuvième sur la ligne de départ du Grand Prix du Portugal, le pilote français Fabio Quartararo s'apprête à vivre une nouvelle saison très difficile au guidon d'une Yamaha très en retard sur la concurrence.
La saison de MotoGP vient tout juste de reprendre que déjà, l'horizon s'est bouché pour Fabio Quartararo. Le champion du monde 2021 a vécu un premier week-end très difficile au Qatar, malheureusement fidèle à son exercice 2023, et aux craintes quant à cette année. Le Français a terminé 11e du Grand Prix à plus de 17 secondes, loin, très loin de la tête, là où il se bagarrait il y a encore un an et demi avec les tous meilleurs de la discipline. Ce dimanche, il partira en 9e position sur le grille du Grand Prix du Portugal.
Depuis sa couronne mondiale, et une saison 2022 encore satisfaisante, bien que terminée derrière Francesco Bagnaia (Ducati) au classement pilotes, plus rien ne semble fonctionner pour "El Diablo". Quartararo souffre du retard accumulé par le constructeur Yamaha, supplanté dans les grandes largeurs par Ducati ces derniers mois.
La Yamaha a progressé, les autres encore plus
Alors que les fusées italiennes ont conduit Bagnaia au doublé pilotes, le Français n'a eu de cesse de voir les capacités de sa moto dégringoler par rapport à la concurrence. Le Tricolore avait fini la saison passé au 10e rang du classement pilotes, le plus mauvais de sa carrière en cinq années passées en MotoGP, dont les deux premières dans l'écurie satellite de Yamaha.
Le bilan n'était pas glorieux, et l'intersaison n'y a visiblement rien changé. Pire encore, le fossé semble s'être encore davantage creusé. "On est plus loin que l'an dernier", a synthétisé Quartararo après la course en conférence de presse. "On a un peu progressé mais les marques européennes (Ducati, Aprilia, KTM) sont encore meilleures et plus rapides que l'an dernier. L'écart entre tous les constructeurs européens et nous est encore plus gros." "J'ai juste vu qu'on était très loin de ceux de devant, très loin des motos qui sont leaders" avait-il ajouté à Canal +. "On a encore beaucoup de boulot et il va falloir faire quelque chose."
Empêtré en milieu de peloton, "El Diablo" prend son mal en patience tant les soucis de la Yamaha sont nombreux. Déjà largement déficitaire la saison passée en termes de puissance par rapport au reste du plateau (aucun meilleur tour en course, ni pole position en 2023, une première dans sa carrière), sa monture collectionne les pistes d'amélioration plutôt que les motifs d'espoir.
"Il n'y a pas un problème, c'est plein de petits problèmes. On va dire que c'est compliqué parce qu'on ne peut pas dire 'il faut améliorer l'aéro'. Non, il faut améliorer l'aéro, comment la moto tourne, améliorer la motricité que l'on a, améliorer la dégradation des pneus, améliorer l'électronique. On a une liste énorme à améliorer, sauf que c'est une quinzaine de petits trucs qui font un problème tellement énorme qu'on n'arrive pas à le résoudre."
"Si c'est comme ça sur toutes les courses, on n'est pas près de faire des top 6 et des top 7"
Sur le circuit du Qatar, là où s'étaient aussi déroulé les essais de pré-saison, Fabio Quartararo se savait en terrain miné, sur une piste qui tire beaucoup sur les défauts de la Yamaha M1, en particulier l'usure des pneumatiques. Sur la course sprint le samedi, ses gommes n'avaient pas tenu le choc sur une distance pourtant réduite de moitié. Le Tricolore n'a pas eu d'autre choix avec son écurie que de modifier les réglages de sa machine, limitant encore un peu plus sa capacité d'accélération, pour espérer durer. "Ce que j'espère le plus, c'est que le Qatar soit la course où on a le plus de dégradation sur le pneu parce que si c'est comme ça sur toutes les courses, on n'est pas près de faire des top 6 et des top 7."
Avec sa 11e place, Fabio Quartararo peut au moins se réjouir d'avoir été "le meilleur des autres" et meilleur pilote sur une moto japonaise, juste devant son compatriote Johann Zarco. Car si la motivation est parfois difficile à trouver, "El Diablo" donne le change. Après avoir largement dominé son coéquipier Franco Morbidelli ces deux dernières années, il a damé le pion à son nouveau voisin de stand, l'Espagnol Alex Rins, hors des points et seulement 16e au Qatar.
Un départ vers Aprilia comme unique porte de sortie ?
La saison pourrait être longue avant de voir le bout du tunnel, et la fin de son contrat fin 2024. A moins que Yamaha ne fasse un bond de géant en cours d'exercice, difficile de l'imaginer rester chez l'écurie nipponne. "Je ne me laisse pas distraire par les discussions contractuelles" a-t-il clamé à Motorsport-total. "Oui, des pourparlers ont eu lieu avec plusieurs équipes, mais cela ne m’obsède pas en piste. Je suis bien informé des options disponibles et des projets en cours."
Son talent et son statut de pilote champion du monde en fait le plus gros poisson du marché. Mais ses possibilités ne sont pas légion. Ducati est déjà bien loti et doit d'abord gérer le cas de l'Espagnol Jorge Martin (Pramac), qui risque de s'impatienter de ne pas rejoindre l'écurie-mère. Honda n'offre aucune garantie de résultats à court terme. KTM a verrouillé Brad Binder jusqu'en 2026 et vient d'engager la sensation Pedro Acosta, dont les débuts dans la catégorie-reine au Qatar ont été riches en promesses.
Reste l'option Aprilia, qui se bat avec les meilleurs, en témoigne le podium d'Aleix Esparagaro sur le sprint à Losail. La signature de Fabio Quartararo avec le constructeur italien fait l'objet de nombreuses rumeurs dans le paddock ces dernières semaines. "Ma décision sera bientôt" avancé le Français sur le site officiel du MotoGP. "Je ne connais pas la date exacte mais je ne vais pas mettre des mois avant de la prendre."