La renaissance de Marc Marquez peut-elle l'amener au titre ?
Vainqueur des deux derniers Grands Prix, Marc Marquez s'est parfaitement relancé dans la quête d'un invraisemblable septième titre MotoGP.
Plus de 1 000 jours d'attente puis une double délivrance : Marc Marquez n'est pas du genre à faire les choses à moitié. Le pilote espagnol a retrouvé le chemin de la victoire en Grand Prix en ce mois de septembre, trois ans après son dernier succès et une traversée du désert où la question n'était plus de savoir s'il pourrait de nouveau grimper tout en haut d'un podium, mais s'il allait pouvoir grimper sur une moto, tout court. Vainqueur en Aragon puis à Misano coup sur coup, Marquez n'a pas seulement signé son retour au premier plan, il s'est aussi replacé comme un vrai outsider pour le titre pilotes cette saison.
En quittant Honda pour rejoindre l'écurie satellite Gresini cet hiver, certains observateurs y ont vu la rétrogradation actée des ambitions de Marquez, voire une forme de résignation sur ses rêves de redevenir champion du monde comme il l'a fait six fois dans la décennie 2010. Mais au guidon d'une Ducati dominatrice, même s'il ne dispose que de la version 2023 octroyée à Gresini, le pilote de 31 ans a renoué avec le fil d'une carrière qui semblait décousue à jamais.
Une blessure sérieuse au bras, un os mal consolidé, une infection de l'humérus, un retour d'abord triomphant puis de nouvelles chutes dues à un phénomène de diplopie, un problème de vision double, et quatre opérations au total… Revenir de loin tient de l'euphémisme pour évoquer le chemin de croix de "la fourmi de Cervera". Mais… "Nous connaissons tous Marc Marquez et nous savons qu’il ne lâche rien", évoquait son ancien chef mécanicien chez Honda, et ami Santi Hernandez à As dimanche 15 septembre dernier. "On peut tout attendre de Marc. Il sort toujours un lapin du chapeau quand on s'y attend le moins."
"Maintenant, je pilote comme sur la Honda, c'est mon style"
Déjà à l'aise avec sa nouvelle monture en début de saison (trois podiums consécutifs entre le 4e et le 6e Grand Prix), Marquez a pris le temps de la comprendre avant de pleinement la dompter. "On est restés avec des réglages de base, puis on s'est un peu adaptés à mon style de pilotage, et j'ai commencé à me sentir de mieux en mieux", expliquait-il en conférence de presse après le Grand Prix de Saint-Marin le 8 septembre. "On a décidé de faire un gros changement, de chercher une autre direction, et je me suis senti de mieux en mieux. Maintenant, je pilote comme sur la Honda, c'est mon style."
Les résultats sont sans appel. Si Marquez n'admettra pas qu'il est un peu moins agressif que par le passé, lui qui exploitait au maximum la capacité de son ancienne Honda à se coucher dans les virages, il n'en est pas moins offensif. Désormais en harmonie avec sa machine, il a profité d'un public en fusion, chez lui au MotorLand d'Aragon, pour signer le week-end parfait début septembre : pole position, victoire en course sprint, puis sur la course principale - la 60e de sa carrière en MotoGP - avec près de cinq secondes d'avance, le meilleur tour en prime.
Une semaine plus tard, dans des conditions très différentes et en partant cette fois seulement neuvième, il a fait encore plus fort en écœurant la concurrence à Misano, non loin du fief de son écurie Gresini. Marc Marquez a fait parler sa science de la course lors d'une courte averse en début d'épreuve pour prendre les commandes et ne plus jamais être mis en danger. "Aujourd'hui, la victoire n'était pas possible, Marc était trop en forme pour que je puisse tenter ma chance" a concédé son dauphin Francesco Bagnaia.
"Pour moi, cette victoire-là est encore plus importante, pas parce que c'est la dernière, mais parce qu'elle est arrivée dans des conditions normales, sur un circuit normal, avec une adhérence normale", s'est félicité Marc Marquez. "J'ai été rapide tout le week-end, toujours dans le top 3 ou 4 dans les chronos. C'est le plus important pour les prochaines courses. Mentalement, je commence à me sentir de plus en plus fort. Aragón, le Red Bull Ring (quatrième en Autriche après une remontée de la 14e place au premier virage) et cette course m'ont apporté de la confiance."
30 points repris en deux week-ends
De la confiance oui, des points et des perspectives surtout. En deux week-ends, Marquez est passé d'un retard de 83 points sur la tête du classement pilotes à 53 points de débours sur Jorge Martin avant le deuxième rendez-vous de Misano à partir de vendredi. La course au titre qui semblait promise à un nouveau mano-a-mano entre Martin et Bagnaia voit désormais le pilote Gresini se mêler à la lutte, à sept Grands Prix de la fin de la saison.
Le retour sur le tracé d'Emilie-Romagne (qui remplace le Grand Prix du Kazakhstan finalement annulé) pourrait des idées à Marc Marquez. Expérimenté, l'Espagnol en a vu d'autres, et laisse la pression à ses adversaires. "Mon point fort, c’est l’improvisation, donc recourir ici ne me favorise pas", clamait-il en conférence de presse après des essais sur le circuit italien entre les deux courses. "Je m’attends à un Grand Prix très serré, surtout en ce qui concerne les temps au tour."
Corriger les erreurs sur le sprint
A en croire Marquez, "chaque week-end est un mystère désormais". Le sextuple champion du monde MotoGP a pour lui sa belle série et une régularité retrouvée en course longue, avec un Top 4 minimum lors des cinq derniers Grands Prix. Jorge Martin et le double tenant du titre "Pecco" Bagnaia ont désormais une marge d'erreur limitée. Martin a payé cher le mauvais choix de son écurie de le faire passer sur une moto réglée pour la pluie lors de "Misano I", terminant 15e. Bagnaia était pour sa part tombé en Aragon, emporté par Alex Marquez, frère et coéquipier de Marc.
Reste au numéro 93 de se montrer aussi menaçant le samedi sur le format sprint, où il s'est montré moins à son avantage (un seul Top 4 lors des cinq derniers sprints disputés). "Si je veux me battre, je ne dois pas faire ces petites erreurs en sprint, en qualifications, pendant les essais le vendredi" a-t-il analysé. Histoire de faire augmenter un peu la pression, et d'espérer de futurs coups de pouce du destin. "Il y aura des circuits sur lesquels j'aurai du mal. J'imagine, ou j'espère, que certaines courses en Asie se feront dans des conditions pluvieuses. Alors, tout est plus ouvert et tout peut arriver."