Grand Prix d'Autriche : Alpine sur sa lancée
En grande difficulté en début de saison, l'écurie française semble dernièrement retrouver des couleurs et avance désormais sur son avenir.
Alpine est mort, vive Alpine ! Le projet d'équipe de France de la formule 1 avec Pierre Gasly et Esteban Ocon a sérieusement pris du plomb dans l'aile et n'ira pas au-delà de la saison 2024, dont le premier tiers a viré au cauchemar. A défaut qu'elles soient tricolores à l'avenir, la filière sport de Renault retrouve dernièrement quelques couleurs, plus conformes à ses ambitions des dernières années, avant le Grand Prix d'Autriche à partir de vendredi.
Quatrième force du plateau fin 2022, Alpine avait souffert en 2023 de l'émergence d'Aston Martin puis de la résurrection de McLaren, désormais solidement installé en haut de la hiérarchie. En début de saison, l'écurie de Viry-Châtillon et d'Enstone n'a eu besoin de personne pour se mettre seule en difficulté. Ses remous en interne de l'été 2023 - un coup de balai intégral qui avait emporté le directeur général de l'écurie Laurent Rossi, le directeur de l'équipe Otmar Szafnauer, le directeur sportif Alan Permane et le directeur technique Pat Fry - ont pavé la voie à une monoplace 2024 mal née, très en retard de développement sur la concurrence. D'une équipe en quêtes de podiums (encore deux l'an passé), Alpine s'était rétrogradée en équipe en lambeau.
Trois Grands Prix de rang dans les points
Après cinq Grands Prix cette saison, l'écurie squattait le fond de la grille (P17 et 18 à Bahreïn, Ocon 16e et dernier en Australie, P15 et 16 au Japon sur 17 classés) dans l'attente d'améliorations techniques. Cinq Grands Prix plus tard, Alpine est allé gratter huit points, un scénario quasi inespéré quelques semaines plus tôt. En Catalogne le week-end dernier, les progrès ont été un peu plus marquants encore avec les deux monoplaces présentes en troisième partie des qualifications puis toutes les deux dans les points, comme au Canada lors de la manche précédente.
"Je suis très heureux, c’est notre meilleure qualification de l’année sur une piste où l’on ne s’attendait pas à être compétitifs" en était même surpris Pierre Gasly, 7e au départ, à Canal +. "On a fait mieux que prévu, on doit comprendre pourquoi, mais on est très contents. J’aimerais pouvoir vous donner la réponse mais je ne l’ai pas. Je conduis la voiture à la limite et aujourd’hui, la limite était plus élevée que d’habitude." "C’était notre meilleure course en tant qu’équipe jusqu’ici cette saison, donc j’en suis très content sur ce plan" abondait Esteban Ocon le lendemain.
Le ciel serait-il redevenu bleu chez Alpine ? Ce serait vite oublier les nombreux nuages qui restent à être dissipés. Le premier, celui du conflit larvé entre Gasly et Ocon, a fini par exploser après l'accident entre les deux hommes à Monaco suite à une mauvaise manœuvre d'Ocon. Le Normand l'a payé cash : pas de prolongation au terme de la saison, et un rang de deuxième pilote pour 2024 qui semble acté après avoir dû laisser passer son voisin de box à Montréal. Cet épisode québécois a laissé entrevoir toute la tension encore palpable autour des deux pilotes amenés à cohabiter encore quelques mois.
Le retour de Briatore en sauveur ?
Les alternatives pour prendre la suite d'Esteban Ocon, dernier vainqueur avec l'écurie (Hongrie 2021), ne s'avéraient pas de plus sécurisantes, Alpine arrivant après la bataille sur le marché des pilotes. Après les hypothèses maison Jack Doohan et Mick Schumacher, pilote de réserve et en endurance, l'écurie a possiblement trouvé un plan B offrant davantage de garanties avec Carlos Sainz Jr, dont la signature serait tout proche selon L'Equipe.
En coulisses aussi, on s'agite pour redémarrer un nouveau cycle. Pierre Gasly a été prolongé jeudi pour un contrat pluriannuel, synonyme de présence en 2026, première saison du nouveau règlement technique. L'ancien patron de l'écurie du temps de Renault, l'Italien Flavio Briatore, a été rappelé à la surprise générale comme conseiller exécutif de l'écurie, 16 ans après le scandale du "crashgate". Briatore avait été suspendu à vie pour avoir demandé à son pilote Nelson Piquet Jr de crasher sa voiture dans le mur lors du Grand Prix de Singapour, afin de permettre la victoire de son autre pilote, Fernando Alonso.
"Briatore se concentrera principalement sur les secteurs de haut niveau de l'écurie, en particulier rechercher les meilleurs talents et fournir des informations sur le marché des pilotes, remettre en question le projet existant en évaluant la structure actuelle et donner des conseils sur certains sujets stratégiques concernant ce sport" a évoqué Alpine, synonyme de possible grand audit interne. Le média spécialisé Autosport évoquait ainsi la possibilité d'abandonner le moteur Renault pour se diriger vers un concurrent, avec Mercedes en pole position, à partir de 2026.
D'ici là, la firme au A fléché va devoir confirmer sa montée en puissance en piste pour espérer grignoter son retard sur Racing Bulls, seul véritable adversaire qui pourrait être à portée au classement constructeurs cette saison.