Ferrari peut-il renverser la course pour les titres ?
A quatre Grands Prix de la fin de la saison, la lutte pour les couronnes pilotes et constructeurs semblent plus ouverte que jamais avec la montée en puissance de Ferrari ces dernières semaines.
Un cavalier seul, puis un duel de haute lutte, et finalement un manège à trois ? La saison 2024 de Formule 1 sera passée par tous les états en haut des classements. Avec le Grand Prix du Brésil ce week-end, seules quatre courses restent au programme, l'ultime ligne droite vers dans un championnat encore indécis.
Quatre pilotes peuvent encore décrocher le sacre, et trois écuries sont très proches dans la quête du titre constructeurs, en particulier avec le regain de forme de Ferrari depuis début septembre. Le point sur les situations comptables.
Verstappen a son destin entre ses mains… s'il ne joue pas trop avec
Avant le Grand Prix du Brésil :
1er : Max Verstappen (Red Bull), 362 points
2e : Lando Norris (McLaren), 315 points
3e : Charles Leclerc (Ferrari), 291 points
4e : Oscar Piastri (McLaren), 251 points
Les deux premiers Grands Prix du triptyque sur le continent américain ont confirmé le rebond spectaculaire de Ferrari. Si Carlos Sainz est hors course pour la couronne malgré sa victoire obtenue sans discussion au Mexique dimanche dernier, Charles Leclerc continue de grapiller des points sur le leader Max Verstappen. Le Monégasque semble partir de trop loin avec ses 71 longueurs de retard, quand une victoire rapporte 25 unités. Mais sa régularité et les superbes performances de la SF-24 depuis les évolutions apportées à Monza le 1er septembre (trois victoires pour la Scuderia en cinq courses) laissent encore un espoir à Leclerc. "Pour le championnat pilotes, je dois tout faire bien et j'ai besoin qu'il y ait beaucoup de malchance ailleurs" résumait-il en conférence de presse après sa troisième place à Mexico City.
Le principal enjeu de la fin de saison reste le mano a mano entre Max Verstappen et Lando Norris. Les deux hommes ont animé les deux derniers Grands Prix, mais au-delà du raisonnable et des règlements. Pour être allé en dehors des limites de piste, Norris a été sanctionné à Austin, Verstappen au Mexique et bien plus durement (20 secondes de pénalité et une 6e place finale). Cela suffira-t-il à le dissuader de défendre par tous les moyens possibles ses positions en piste ? Rien n'est moins sûr, d'autant que les Red Bull sont en nette perte de vitesse au sens propre comme figuré. A Mexico, le triple tenant du titre a vu sa monoplace tourner près de huit dixièmes au tour moins vite que les Ferrari et les McLaren. A la régulière, il lui devient de plus en plus difficile de lutter.
Il reste au Néerlandais un atout, non négligeable, son matelas de sécurité glané durant le premier tiers de la saison. Max Verstappen est encore en position de se contenter d'être le plus proche poursuivant de Lando Norris jusqu'à la fin de la saison et de s'assurer d'un quatrième titre consécutif, avec 30 points minimum à glaner entre le vainqueur et le dauphin de six derniers rendez-vous de 2024 (quatre courses, et deux courses sprint, samedi à São Paulo et au Qatar). Depuis la pause estivale et le Grand Prix des Pays-Bas le 25 août dernier, six Grands Prix plus tôt dans le calendrier, le pilote Red Bull a concédé en moyenne 5,5 points à Norris, 5,4 sur Leclerc. Un rythme médiocre pour un prétendant, mais suffisant avec quatre courses restantes.
Attention toutefois car plus la saison avance, plus les machines souffrent et le risque de pénalités pour avoir utilisé plus de pièces que le quota autorisé grandit. Dès ce week-end, Max Verstappen devrait utiliser son 6e moteur a concédé le conseiller spécial de Red Bull Helmut Marko à la chaîne autrichienne ORF dimanche dernier après le Grand Prix du Mexique. Le leader du championnat devrait donc recevoir une pénalité de cinq places sur la grille dimanche, voire plus si Red Bull décidait de changer d'autres éléments hors quota par la même occasion.
Ferrari lancé à la poursuite de McLaren, Red Bull déjà résigné ?
Avant le Grand Prix du Brésil :
1er : McLaren, 566 points
2e : Ferrari, 537 points
3e : Red Bull, 522 points
Plus encore que le championnat pilotes, le titre constructeurs offre un suspense rare entre trois écuries si tard dans la saison. Red Bull a vu son avance complètement fondre au fil de la saison, jusqu'à ne plus être depuis dimanche dernier qua la troisième force du plateau, dépassée par Ferrari. Les monoplaces au cheval cabré sont lancées dans un retour tonitruant et ne comptent plus que 29 points de retard sur le leader McLaren. L'écurie "papaye" a le niveau de performance pour lutter la Scuderia, mais ne peut plus se permettre des faux pas comme celui d'Oscar Piastri au Mexique. Seulement huitième après avoir manqué sa séance de qualification, l'Australien a permis à Ferrari de remonter 19 points rien que dimanche dernier.
"Oui, le championnat des constructeurs est désormais réaliste, avançait Charles Leclerc en conférence de presse au Mexique. Et c'est basé sur le fait que nous faisons mieux que d'autres qui font des erreurs, et c'est ce qui se passe dans le championnat Pilotes. Le championnat des constructeurs est certainement notre objectif principal et si nous continuons ainsi, il est à notre portée." Il mettrait ainsi fin à une disette de 16 ans au championnat constructeurs, la plus longue l'histoire de l'écurie. La belle forme de Carlos Sainz, deuxième du sprint et de la course à Austin et vainqueur à Mexico, pourrait un peu plus pimenter la fin de saison.
La dynamique est diamétralement inverse pour Red Bull. Max Verstappen s'accroche mais n'a plus gagné depuis quatre mois en course, pour quatre podiums en dix Grands Prix. Quant à Sergio Pérez, il est en chute libre de confiance comme de résultats : deux zéro pointés sur les quatre derniers Grands Prix, et 19 points sur les six derniers GP (116 pour Norris, 114 pour Leclerc).
Alors, on ne se fait plus guère d'illusions pour la couronne. "Je pense que ce sera très difficile, mais nous n'abandonnons jamais" a clamé le directeur de l'écurie Christian Horner après Mexico. "Nous allons nous battre. Nous avons évidemment besoin que nous deux voitures marquent des points. Ferrari en a encore gagné beaucoup ici, et pour ce qui est du titre constructeurs, nous sommes clairement sur le recul." Un recul qui pourrait davantage se creuser à São Paulo.