Le pari réussi de Thierry Henry
La FFF a fait confiance à son ancien buteur pour prendre en main les Bleuets après deux premières expériences mitigées à Monaco et à l'Impact de Montréal. Le succès a été au rendez-vous sur ces Jeux Olympiques aux airs d'acte fondateur pour la suite de la carrière de Thierry Henry.
Il y a près d'un an, le 21 août 2023, Thierry Henry prenait les rênes de l'Equipe de France Espoirs avec la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024 en ligne de mire. Le pari de la Fédération Française de Football pouvait sembler osé, au regard des deux premières expériences de l'ancien buteur au poste de coach principal, à Monaco pendant un peu plus d'une saison (2018-2019), puis à l'Impact Montréal en MLS (2019-2021).
« Titi » avait également endossé un rôle d'assistant coach auprès du sélectionneur Roberto Martinez pour l'équipe nationale de Belgique de 2016 à 2023, avant de se laisser séduire par l'opportunité de rejoindre les Bleus pour développer les jeunes talents du football français en vue d'une échéance qui s'annonçait déjà légendaire.
Un plan de jeu qui a tenu la route
Un an plus tard, le pari s'est avéré être un franc succès, et Thierry Henry a pu montrer qui l'avait l'étoffe d'un coach capable de gagner, de développer une vraie identité de jeu, un collectif fort et d'unir ses troupes derrière un même objectif.
Thierry Henry a eu six matchs avec les Bleuets de septembre à novembre 2023 pour poser les bases de son projet de jeu avant de basculer sur la préparation des Jeux Olympiques. Celle-ci a été parsemée d'embûches avec des défections régulières jusqu'à celles de Képhren Thuram à la veille du premier match amical face au Paraguay puis de Chrislain Matsima, un jour avant le premier match de la compétition, face aux États-Unis.
Le sélectionneur s'en est tenu à ses principes et le plan a fonctionné. Derrière son 4-3-1-2, c'est tout un bloc homogène, qui coulisse en défense et combine en attaque, sait trouver des combinaisons sur les côtés, créer un déséquilibre... C'est sans doute là où Thierry Henry a marqué le plus de points puisqu'il a su développer un style de jeu clair, offensif, basé sur la possession, agressif, mais aussi efficace en contre et dominant sur le plan athlétique.
Un groupe uni derrière son coach
Surtout, l'ensemble des protagonistes a adhéré au projet de jeu, et tout le monde a parfaitement joué son rôle. Dans l'adversité également, face à l'Argentine puis face à l'Egypte en demi-finale en se retrouvant mené 1-0 à dix minutes de la fin, ses Bleuets ont su faire preuve de caractère pour se tirer de ces situations. En toute circonstances, « Titi » a réussi à maintenir son groupe soudé et fidèle à sa philosophie.
« Quelle que soit l'adversité, on garde les mêmes principes. Presser, aller vers l'avant, et on prend du plaisir à faire ça. Parfois, c'est plus difficile à mettre en place, mais on garde toujours cet objectif », avait confié Joris Chotard avant la finale face à l'Espagne. « Il nous a demandé si ça nous plaisait et si on était d'accord avec ça. Il nous a impliqué à 100 % et nous a même proposé de changer si ça ne nous plaisait pas. Mais on était tous prêts à le suivre."
La finale face à l'Espagne restera comme le seul regret de cette magnifique aventure humaine et footballistique. D'un autre côté, les Espagnols méritaient au moins autant la victoire au regard de leur parcours et de leur prestation en finale. Les Bleuets ont fini par craquer en prolongation, s'inclinant finalement 5-3 pour échouer à une marche de cette fameuse médaille d'or.
De l'émotion, une médaille et un beau parcours
Malgré le goût amer de cette prolongation qui a viré du mauvais côté, les satisfactions ont été nombreuses et la façon dont Thierry Henry a su mener sa barque durant cette campagne olympique en fait partie.
C'est en tout cas le premier « succès » de sa carrière d'entraîneur et celui-ci gardera quoiqu'il arrive une saveur particulière, avec une connexion unique envers chacun de ses joueurs. Un groupe est né, et une bonne partie aura encore à progresser sous ses ordres dans les années à venir...
« Ça ne s’est pas bien terminé mais il y a eu de l’émotion, une médaille, un beau parcours », avait-il résumé au soir de la finale. « Il faut célébrer cette médaille. Il va falloir la digérer mais à l’arrivée tu gagnes une médaille et puis il y a eu une aventure humaine extraordinaire. Je leur ai dit qu'ils ont gagné mon respect à vie car cette équipe n’a jamais lâché que ce soit à l’entraînement ou en match. Ce groupe-là, c’est à vie pour moi ».