Les cinq questions de la saison de la Coupe du monde de ski
La saison de ski alpin reprend ce week-end avec les géants de Sölden en Autriche, pour une année pleine d'enjeux.
Marco Odermatt et Lara Gut-Behrami remettent leur globe de cristal en jeu. Les deux Suisses avaient signé le premier doublé helvète depuis 1988 sur les classements généraux masculin et féminin de la Coupe du monde. Les deux compatriotes s'avancent de nouveau parmi les principaux prétendants.
Qui sont les favoris ?
Odermatt vise un quatrième général de rang après une saison d'exception qui l'a vu tout rafler avec les petits globes de la descente, du Super G et du géant. Difficile de voir qui pourrait réellement menacer son hégémonie, après avoir compté près du double de points de son poursuivant, son compatriote Loïc Meillard, la saison passée. Le skieur de 27 ans devra toutefois surveiller plusieurs revenants, comme Lucas Braathen, absent depuis un an, et Marcel Hirscher. La lutte risque d'être davantage intense pour les classements des spécialités, où Cyprien Sarrazin le regarde dans les yeux en descente, tandis que Vincent Kriechmayr reste un client en Super-G. Mais l'Autrichien a admis durant l'été traverser une période difficile et avoir "perdu le plaisir de skier".
Le suspense devrait être plus grand chez les femmes, comme début 2024, qui avait vu Gut-Behrami s'adjuger le gros globe lors du tout dernier géant, antépénultième course du calendrier. La reine de la discipline Mikaela Shiffrin sera comme toujours l'épouvantail de la saison, si elle parvient à éviter les blessures, elle qui avait manqué plus d'un mois de compétition suite à une chute fin janvier lors de la descente de Cortina d'Ampezzo. L'Américaine n'avait pu revenir à temps pour refaire son retard, malgré le plus grand nombre de victoires de l'hiver. Elle devrait avoir comme premier objectif d'atteindre les 100 victoires en carrière, elle qui en compte 97 au moment d'attaquer la saison, durant laquelle elle ne disputera pas cette fois les descentes. Lara Gut-Behrami, mais aussi l'Italienne Federica Brignone, deuxième du classement général 2024, devraient être ses principales concurrentes pour le globe du général.
Que faut-il attendre du retour de Marcel Hirscher ?
C'est la grande attraction du cirque blanc. A la surprise générale, Marcel Hirscher a annoncé en avril dernier qu'il sortait de sa retraite, à 35 ans, et qu'il courrait désormais pour les Pays-Bas, pays de sa maman. L'octuple vainqueur de la Coupe du monde est autant une légende qu'une énigme, au moment de rechausser les spatules cinq ans après. Son niveau, tant physique que technique est une inconnue totale, même si certains partenaires d'entraînement de Hirscher ces derniers mois ont laissé filtrer son haut niveau de préparation. Cela sera-t-il suffisant pour revenir au sommet, voire pour redevenir le glouton des pistes qu'il était ?
Celui qui courrait alors pour l'Autriche devra notamment se mesurer à son successeur dans le registre glouton, Marco Odermatt. Les deux hommes seront notamment scrutés pour leurs duels à distance en slalom géant, dont ils ont remporté… neuf des quatorze globes de la spécialité. Hirscher repart de loin, mais pas de zéro, lui qui écrasait la concurrence à coup de secondes. La Fédération internationale lui a qui plus est octroyé un petit coup de pouce avec un nouveau règlement créant un système d'invitation sur critères, à la manière du tennis. Le deuxième skieur masculin au plus grand nombre de victoires en Coupe du monde pourra en bénéficier et hériter d'un départ juste après le Top 30 mondial, quel que soient ses performances de la saison. Une règle dont pourrait bénéficier un autre très grand nom du ski alpin, l'Américaine Lindsey Vonn, dont la rumeur d'un come-back à 40 ans ne cesse prendre de l'ampleur ces dernières semaines.
Quelles sont les meilleures chances françaises ?
Après l'explosion la saison dernière, Cyprien Sarrazin doit confirmer et s'affirmer encore davantage. Le skieur de Gap, vainqueur de quatre courses en 2023-2024 dont les deux descentes de Kitzbühel est passé tout près du globe de la spécialité, finalement glané par Marco Odermatt. Au Tricolore de monter la barre d'un cran, alors qu'il sera également plus épié. Chez les hommes, Clément Noël va tenter de vite mettre la saison passée au placard. Sevré de podiums malgré plusieurs podiums, le spécialiste du slalom veut retrouver les tous premiers rangs que son talent doit lui offrir. Quant à Alexis Pinturault, sa grave blessure au genou de janvier dernier repousse sa reprise au mois de décembre, sans se fixer d'objectifs chiffrés.
Nils Allègre, autre belle surprise de l'hiver dernier, voudra récidiver, après avoir décroché son premier succès en carrière sur le Super-G de Garmisch-Partenkirchen. Les Bleues, elles aussi, viseront plutôt des coups, comme Romane Miradoli, seule skieuse tricolore à être montée sur le podium lors du Super-G de Cortina d'Ampezzo.
Qui seront les grands absents ?
Les nombreux blessés de la saison passée laisseront encore un vide dans les listes de départ à la reprise. Le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, vainqueur de la Coupe du monde 2020, a annoncé mercredi faire l'impasse sur toute la saison après s'être gravement blessé en janvier dernier à Wengen. Marco Schwarz, qui faisait jeu égal avec Marco Odermatt en début de saison, se ressent du dos après s'être rompu un ligament croisé du genou en décembre dernier et ne devrait pas revenir avant fin novembre ou début décembre.
Le ski féminin n'est pas non plus épargné, en particulier pour ses têtes d'affiche. La Slovaque Petra Vlhova, grande rivale de Mikaela Shiffrin, qui s'était rompue les ligaments croisés en janvier, ne sera pas là avant décembre minimum a-t-elle annoncé en début de semaine. Même échéance pour Sofia Goggia, quadruple vainqueur du globe de la descente, qui vise une reprise à Beaver Creek mi-décembre après une fracture tibia-péroné en février dernier.
Combien de courses sont au calendrier ?
Après une saison chaotique la faute autant à la météo qu'aux choix loin d'être optimaux proposés par la Fédération internationale de ski, celle-ci a revu un peu sa copie. De 45 épreuves pour les hommes et 44 pour les femmes, l'agenda s'est allégé à respectivement 38 et 36, auxquelles s'ajoutent les Championnats du monde de Saalbach du 4 au 16 février. La FIS veut éviter les 16 annulations de 2023-2024 et a notamment supprimé la polémique étape de Zermatt, vivement critiquée pour des raisons environnementales comme sportives puisque les épreuves n'avaient pu avoir lieu ni en 2022, ni en 2023.
Les semaines à deux épreuves de vitesse comme la descente ont été supprimées pour juguler l'hécatombe de blessures des derniers mois. Un scénario qui ne vaut que si aucun report ne vient bousculer les programmes et densifier un peu plus les programmes des athlètes. La saison se terminera au maximum du 22 au 27 mars 2025 pour les finales de la Coupe du monde à Sun Valley, dans l'Idaho.