Il a retrouvé Clairefontaine cette semaine, presque dans l’anonymat le plus total. Benjamin Pavard a été appelé de dernière minute par Didier Deschamps après le forfait de Wesley Fofana. Le défenseur de l’Inter Milan participe donc bien au dernier rassemblement des Bleus de l’année alors qu’il ne figurait pas sur la liste initiale. En quelques mois, il est passé de titulaire indiscutable à 5e roue du carrosse en équipe de France. Peut-il réussir à renverser la vapeur et redevenir un joueur important de la sélection ? Pas sûr lorsque l’on se penche sur l’effectif tricolore.

France-Australie, le point de départ du déclin

Difficile d’imaginer un tel destin il y a à peine deux ans. Alors que la Coupe du monde au Qatar approche, le latéral droit, qui évolue alors encore au Bayern Munich, arrive confiant dans le groupe qui va disputer le mondial. Sa place de titulaire ne fait presque pas de doute sur le flanc droit de la défense des champions du monde en titre puisque Jules Koundé, pas encore habitué à ce poste, représente la seule concurrence à ce poste. Pourtant, Benjamin Pavard va se trouer dès le premier match face à l’Australie. Il oublie l’attaquant adverse Craig Goodwin dans son dos sur l’ouverture du score des Socceroos. Heureusement, les Bleus rattrapent cette erreur par la suite et s’imposent facilement (4-1). Mais quelque chose s’est brisé ce soir-là pour le héros du huitième de finale France-Argentine de 2018. Dans la tête de Didier Deschamps du moins. Le sélectionneur n’hésite pas à titulariser Koundé pour le reste de la compétition et n’utilise plus Pavard jusqu’à la fin du tournoi.

La fin d’une époque

L’ancien défenseur de Stuttgart retrouve sa place pour quelques rencontres par la suite, marquant même un but sublime contre l’Irlande en mars 2023, mais pas suffisamment pour prétendre à redevenir un titulaire lors des rendez-vous majeurs de l’EDF. Lors de l’Euro en juin dernier, c’est bien Jules Koundé qui a tenu son rang, se montrant à son avantage sur le plan défensif. L’Intériste n’a pas eu la moindre minute en Allemagne. Puis, il a vu les cadres français s’en aller. Olivier Giroud d’abord, et Antoine Griezmann, avec lesquels il s'entendait très bien au sein du groupe. Deschamps est en train petit à petit d’installer une nouvelle génération aux commandes du camion tricolore. 

De quoi se passer de Pavard lors des deux derniers rassemblements en septembre et octobre. Une déflagration pour le champion du monde qui n'avait jamais raté deux rendez-vous successifs à Clairefontaine depuis 7 ans et sa toute première cape. Le sélectionneur, qui lui avait fait confiance alors qu’il était inconnu du grand public en 2018, apprécie de moins en moins le profil du Milanais.

La concurrence est trop forte à son poste

“J’ai pris l’option d’appeler d’autres joueurs, que je veux revoir, parce qu’ils ont aussi des étapes à franchir, expliquait DD avant de le rappeler lundi. À lui de maintenir ce qu’il fait avec son club. Évidemment, à ce poste, il y a beaucoup de concurrence, peut-être un peu plus que les autres. Il a été dans cette liste, cette fois il n’y est pas. Ce n’est pas fini.” Titulaire indiscutable chez le champion d’Italie, le joueur de 28 ans veut encore croire à un avenir en Bleu. “Je n’abandonne pas et je continue de bosser pour que le coach fasse de nouveau appel à moi, raconte le principal intéressé dans les colonnes de GQ au début du mois. C’est vraiment lui qui m’a transmis la gagne et j’ai encore envie de gagner à ses côtés.” 

Avec cette attitude, Benjamin Pavard va regagner des points auprès de l’entraîneur français, mais peut-il vraiment espérer un retour au premier plan ? Difficile de l’imaginer quand on voit la concurrence en défense. À droite, la route est barrée avec l’éclosion de Koundé. Le Barcelonais est à l’aise désormais dans le couloir droit et enchaîne les performances de haut rang en Catalogne. Défensivement et même offensivement, son triplé de passes décisives dernièrement en Ligue des champions l’approuve, l’ex-bordelais apporte plus de garanties. Au centre, poste privilégié par le joueur de l’Inter, c’est encore pire. Avec les présences de William Saliba, Ibrahima Konaté et Wesley Fofana, tous excellents en club et Dayot Upamecano, patron en sélection, l’axe est bouché chez les Bleus. Pavard devra se contenter d’un second rôle s’il veut encore sa place dans la liste.