C’est dans une salle comble et impatiente de l’entendre que Thomas Tuchel a pénétré dans les entrailles de Wembley. D’ici quelques mois, c’est ici qu’il étrennera ses nouvelles fonctions de sélectionneur de l’Angleterre, information révélée hier soir et que la présente conférence de presse a servi à valider. "C’est une journée vraiment excitante pour le football anglais. Nous avons recruté l’un des meilleurs entraîneurs du monde", s’est emballé en préambule le directeur exécutif de la Fédération anglaise Mark Bullingham, qui accompagnait sur l’estrade le nouvel homme fort des Three Lions, et a admis avoir auditionné dix personnes avant d'arrêter le choix sur l'ancien manager du Bayern Munich.

L’héritage de Southgate

Passé l’introduction, Thomas Tuchel n’a pas tardé à dire son émotion à l’idée du nouveau défi qui se présente à lui. "C’est un boulot énorme (…) C’est un privilège", a-t-il déclaré pour commencer, soulignant que tout ceci était nouveau pour lui car arrivant de l’univers des clubs.

Un privilège certes mais aussi une charge car l’Angleterre sort de huit années sous la férule de Gareth Southgate, un long mandat au cours duquel l’Anglais a ramené le pays sur le devant de la scène, tout en le réconciliant avec sa presse et ses supporters. Bien conscient de cet héritage, Thomas Tuchel est bien décidé à le faire fructifier. "Gareth et la Fédération ont fait un travail fantastique. Les jeunes et les femmes ont gagné des titres. Nous en sommes là. Nous allons construire à partir de là", a-t-il assuré, louant au passage le potentiel anglais. En effet, la pression est grande au moment de prendre une équipe ayant atteint les deux dernières finales de l’Euro.

Le cœur en Angleterre

Pas de quoi effrayer un manager de sa trempe et de son expérience. Lors de son passage à Chelsea, il avait ainsi conquis les supporters des Blues en guidant le club londonien jusqu’au titre en Ligue des champions. Un exploit que personne n’a oublié de l’autre côté de la Manche.

Cette expérience dans la capitale anglaise, l’ancien entraîneur du Paris Saint-Germain en garde lui aussi un souvenir impérissable qui explique en grande partie sa joie d’avoir convaincu les dirigeants anglais de lui faire confiance. "J'ai toujours voulu revenir en Angleterre, c'était mon grand objectif", a-t-il indiqué. Son nouvel objectif sera ainsi de permettre à la sélection de passer un cap. Plus qu’un cap même, Thomas Tuchel va devoir déjouer ce qui s’apparente à une malédiction, l’Angleterre ayant échoué à gagner le moindre trophée depuis son unique sacre mondial en 1966. "Je dois être à la hauteur. Je sais qu'il y a des trophées à gagner et je veux y contribuer", souhaite-t-il avant d’ajouter. "Cette tâche et ce rôle ont fait revivre le jeune homme que j'étais. Je suis enthousiaste à l'idée de jouer à Wembley avec les Three Lions."

Il lui faudra néanmoins attendre pour goûter à l’ambiance si singulière de Wembley puisqu’il ne prendra ses fonctions qu’au 1^er janvier et ne dirigera son premier match officiel qu’en mars prochain. Quelques mois qui vont lui permettre de se familiariser avec un environnement inconnu mais aussi de commencer à tisser le lien avec ses nouveaux supporters.

Juste avant de se présenter en conférence de presse, Thomas Tuchel avait ainsi profité du temps à sa disposition pour adresser un premier message aux fans anglais à travers une courte vidéo réalisée depuis les tribunes vides de Wembley. "Je ferai tout ce que je peux pour me qualifier pour la Coupe du monde, puis pour réussir cette compétition et tenter d'obtenir une deuxième étoile sur notre maillot", a-t-il dit. Un rêve que nourrit le football anglais depuis 58 ans.