Football : La descente aux enfers de Fredy Guarín
Dans une interview chargée en émotions, l’ancien footballeur colombien a révélé avoir souffert d’alcoolisme lors de sa carrière.
Les supporters de Saint-Etienne n’ont pas oublié Fredy Guarín, ce Colombien travailleur qui durant deux saisons a fièrement défendu les couleurs du club forézien entre 2006 et 2008. A cette époque, le football est encore au centre de sa vie. Un sport qui l’a extrait de la misère mais qui va bientôt le faire plonger dans une autre.
Tout dérape quand il rejoint l’Inter Milan en 2012. Là, le récent vainqueur de la Ligue Europa avec le FC Porto gagne en notoriété et incapable de gérer sombre dans l’alcool. "J’ai commencé à me faire un nom en Italie et c’est là que les choses ont commencé aussi en dehors du terrain (…) J’ai très bien géré ça : je me saoulais deux jours avant le match et ça a marché puisque j’ai marqué un ou deux buts", dévoile l’homme aux 58 sélections avec la Colombie les yeux plein de larmes lors de l’émission Los Informantes diffusée sur Caracol Television. Un engrenage se met en place et ce mécanisme de défense se referme sur lui comme un piège. "Je travaillais plus que lorsque je ne buvais pas, peut-être par culpabilité. Je buvais à la maison, dans les clubs, au restaurant. L’environnement avec du champagne partout, les plus belles mannequins… Je cherchais de la compagnie. J’avais ma famille et je savais que j’avais tort, tant en termes de travail que de responsabilités familiales", a-t-il poursuivi rongé par les regrets.
Exfiltré de Milan
Malgré ses excès en privé, il complète quatre saisons et dispute tout de même 135 matchs avec les Nerazzurri. Un trompe-l'œil. En Italie, le Colombien s'est perdu et a entamé une descente aux enfers. Après quatre saisons, son entourage intervient et décide de le sortir de là avant qu’il ne coule définitivement. Pour cela, il doit quitter Milan. "J’avais perdu l’objectif de fonder une famille, perdu l’objectif du football. Je sentais qu’il n’y avait aucune limite (…) Mon agent et moi nous sommes dit : 'Il faut sortir d’ici'", a-t-il dit.
Direction la Chine et le Shanghai Shenhua où était passé avant lui Didier Drogba notamment. Malheureusement pour lui, le Colombien emmène avec lui ses démons et au lieu de reprendre le contrôle, il le perdit davantage. "Ils m’ont payé en cash, et j’ai complètement dégénéré dans l’alcoolisme. Je me levais, j’allais m’entraîner et après l’entraînement, je buvais de l’alcool. J’ai emmené des amis d’Italie, d’autres de Colombie en Chine. Je n’avais aucune idée de l’argent. Je vivais au-dessus des prix et cela m’a donné une vie de luxe", a-t-il reconnu. Il tiendra trois ans à ce rythme, tout en portant à 100 reprises le maillot du club chinois avant de regagner le contient américain et d’arriver à Vasco de Gama.
Enfin sobre
Loin de se calmer, Fredy Guarín va d’excès en excès tel un homme à la dérive, balloté dans un océan de débauche. "J’étais le plus heureux du monde pendant six mois. La pandémie est arrivée, il n’y avait pas d’entraînement, pas de football. J’allais à la favela, j’étais avec n’importe quelle fille et je m’abandonnais complètement. Je buvais 50, 60, 70 bières en une nuit et j’allais chercher le danger. J’ai été ivre pendant 10 jours. Je m’endormais d’épuisement, je me levais avec la bière à côté de moi et je me soûlais à nouveau", raconte-t-il encore dévasté avant d’expliquer avoir sauté du 17e étage et de ne devoir la vie qu’à la présence d’un filet.
C’est à la suite de cet épisode qu’il décide de remonter la pente et de se soigner. Revenu des tréfonds, l’ancien stéphanois de 38 ans a expliqué être à présent sur la bonne voie et ne plus avoir bu depuis 6 mois. Une victoire après tant de tourments et un témoignage fort illustrant le chemin que peut prendre une carrière dans un univers où les tentations sont immenses et les moyens presque illimités.