Football : La descente aux enfers d’un champion du monde
Sacré avec l’Argentine en 2022, Papu Gomez n’a plus joué le moindre match depuis plus d’un an en raison d’un contrôle antidopage positif.
Si Paul Pogba voit le bout du tunnel avec la réduction de sa suspension pour dopage qui lui ouvre un retour à la compétition au printemps prochain, ce n’est pas le cas de Papu Gomez. Alors qu’il pensait vivre une fin de carrière agréable dans le sillage du sacre de l’Argentine à la Coupe du monde 2022, l’Argentin a vu son destin basculer quelques jours avant le plus beau jour de sa vie de sportif. Avant de partir pour le Qatar, il subit un contrôle antidopage inopiné à Séville où il évolue sous les couleurs du FC Séville. Rien d’anormal pour un sportif de haut niveau sauf que l’échantillon se révèlera positif.
Sirop contre la toux et silence
Jurant n’avoir pris aucun produit dopant, le natif de Buenos Aires se défend en assurant que la substance incriminée a été ingérée par inadvertance. "Je suis arrivé la nuit, tôt le matin à Séville. Je prenais généralement une pilule après les matchs, car c'était très difficile pour moi de dormir. Je me couche et au milieu de la nuit, j'ai une quinte de toux. Je dis à ma femme de me donner du sirop contre la toux. Il y avait celui de mon plus jeune fils, Milo, et elle m’a donné une petite tasse. Je l'ai prise", a-t-il raconté lors d’une interview à Clank! avant de poursuivre son récit. "Quelques jours plus tard, il y a eu un contrôle antidopage surprise. Le médecin m'a demandé si j'avais pris quelque chose, comme d'habitude. J'ai complètement oublié que j'avais le sirop. 'Les habituels, somnifères et anti-inflammatoires', répondis-je. Si je l'avais informé du sirop, rien ne serait arrivé, a-t-on affirmé. Le temps passe et je reçois par mail, sur ma messagerie personnelle, que j'ai été testé positif, quatre jours avant la finale de la Coupe du monde. C'était horrible (…) Je ne l'ai dit à personne, cela me paraissait très égoïste, je ne voulais pas que les gens pensent à autre chose qu'à la finale de la Coupe du monde. Plusieurs fois, j'ai pensé : "Si je suis champion du monde, je ne jouerai plus". Vous dites les choses et la vie vous le rend... Je suis passé du statut de champion du monde à celui de ne plus jouer."
Resté sur le banc lors de la victoire face à la France (3-3, 4-2 t.a.b.), Papu Gomez voit son contrat être rompu, un an avant son terme, à l’été 2023 par le club sévillan avec qui il venait de remporter la Ligue Europa. Recruté par Monza, il se voit signifier sa sanction en octobre. Tout s’arrête alors net. "Je suis passé du statut de champion du monde à celui où personne ne m'appelle aujourd'hui, disparaissant des médias et ne jouant plus. Il faut savoir vivre avec ça (…) Après la sanction, j'étais impatient de revenir, mais quand j'ai reçu la sanction maximale, mon monde s'est effondré", a-t-il expliqué.
Un quotidien en Serie C
Du jour au lendemain, l’ancien pilier de l’Atalanta Bergame entre 2014 et 2021 est mis à l’écart. A 35 ans, l’Argentin aurait alors pu se faire une raison et mettre fin à sa carrière mais il refuse de partir de cette façon. "Je ne voulais pas être dégoûté par la situation qui m'arrivait. J’ai commencé à jouer au paddle-tennis, je me suis complètement éloigné du football", a-t-il dévoilé. Une échappatoire pour mieux reprendre pied. Aujourd’hui, la passion continue de brûler en lui avec le désir de revenir sur les terrains pour laver son honneur. Pour se faire, il a accepté de recommencer au plus bas. "Je m'entraîne sur un terrain synthétique, en Serie C. Cela n'a rien à voir mais je préfère ça à détester le football, ce qui allait m'arriver quand je devais partir (…) Ce qui est bien maintenant, c'est que je recommence, étant amateur, en ce moment je suis un garçon qui veut faire ses débuts en Première Division. Je dois aller gagner ma place", a ajouté l’international argentin.
Une mentalité de jeune premier pour un joueur qui sait la fin proche puisqu’il fêtera ses 37 ans en février prochain. "Je m'efforce d'accepter que le personnage de Papu Gómez touche à sa fin, qu'il cesse d'exister et que je sois désormais une personne ordinaire, un père de famille. Je travaille sur mon ego, je l'éteint un peu et j'essaie de survivre avec 'Alejandro'", a encore partagé au micro de Clank! celui qui est connu de l’état civil argentin comme Alejandro Dario Gomez. S’il n’a pas renoncé à rejouer en Italie, il va néanmoins devoir encore prendre son mal en patience puisque son appel a été rejeté en mars dernier. Sa perspective ? L’automne prochain pour refermer son histoire avec le football sur le terrain.