Football : L’anecdote de Gennaro Gattuso à propos du Mondial 2006
Dans une interview à la chaîne VivoAzzurro, l’entraîneur du Hajduk Split s’est rappelé un épisode juste avant la finale de la Coupe du monde 2006 et a révélé souffrir depuis 15 ans d’une maladie auto-immune.
L’année prochaine, l’Italie célèbrera le 20e anniversaire de son dernier titre mondial. Un quatrième sacre décroché au bout d’une nuit entrée dans la légende et achevée aux tirs au but face à la France de Zinédine Zidane (1-1, 5-3 t.a.b.). Positionné à côté d’Andrea Pirlo, Gennaro Gattuso avait la charge d’abattre le sale boulot pour permettre à son partenaire d’alors à l’AC Milan d’éclairer le jeu italien tout en perturbant la construction adverse. Un rôle particulièrement difficile d’autant que dans sa zone évoluait le maestro français.
Devenu aujourd’hui entraîneur et officiant en Croatie au Hajduk Split, l’ancien milieu de terrain se souvient encore parfaitement de ce 9 juillet 2006 mais aussi de la journée précédente et du sentiment qui l’habitait après avoir croisé les Français à l’entraînement sur la pelouse de l’Olympiastadion de Berlin. "Nous sommes allés inspecter le terrain, nous avons vu la France s'entraîner en manches courtes sous la pluie : physiquement ils étaient bien meilleurs que nous. Mais Buffon se mit à crier : « Les garçons, nous n'avons pas peur de vous : vous pouvez être aussi grands que vous voulez, mais demain nous vous mangerons. » Ensuite, pendant 20 heures, j'ai pensé à leur taille et à la force de Zidane...", a-t-il confié à la chaîne VivoAzzurro, attachée à la Fédération italienne de football.
Une maladie handicapante
Une nuit complète à se demander comment il pourrait aider son équipe à stopper ou plutôt limiter l’un des meilleurs joueurs du monde, sans savoir que ce dernier allait lui-même s’éliminer du jeu en assénant un coup de tête dans le torse de Marco Materazzi en prolongation. Gennaro Gattuso n’alla ensuite pas tirer lors de la fatidique séance de tirs au but, se contentant d’observer depuis la ligne médiane ses coéquipiers ne pas trembler pendant que David Trezeguet envoyait se fracasser sa frappe sur la barre transversale de Gianluigi Buffon. Déjà vainqueur de la Ligue des champions en 2003, il la gagnera encore en 2007, le Calabrais devenait champion du monde. Un titre auquel il ne s’était tout simplement jamais autorisé à rêver. "Que signifie être un champion du monde ? Je ne sais pas, je sais juste que pour ma part c'était un rêve. Je n’ai jamais pensé que je voulais gagner une Coupe du monde, car c’était toujours quelque chose de plus grand que moi", a-t-il déclaré.
Au-delà des souvenirs de la dernière Coupe du monde en Allemagne, Gennaro Gattuso a profité de cet entretien pour donner de ses nouvelles et s’il semble heureux de travailler de l’autre côté de l’Adriatique après notamment un passage mouvementé à l'Olympique de Marseille, il a révélé souffrir "de myasthénie grave depuis 15 ans". Il s’agit d’une maladie auto-immune qui perturbe la communication entre les nerfs et les muscles, entraînant ainsi une fatigue chronique et des faiblesses musculaires. Celle-ci affecte notamment le visage, le cou, les bras et les jambes. "Je la combats à l'aide de cortisone. Pendant quatre ou cinq ans, j’ai renoncé à des choses que j’aimais, comme un verre de vin. Quand on a une diplopie, quand on voit double, ce n'est pas facile, mais j'ai toujours cru que j'étais plus fort que la maladie", a-t-il dévoilé avec pudeur, indiquant recevoir de nombreux messages d’anonymes lui demandant conseil pour gérer ce mal. Pas de quoi abattre donc Ringhio toujours aussi vigoureux maintenant qu’il officie depuis la zone technique.