Dopage : Bruyneel dézingue Lemond et Madiot
Johan Bruyneel tire à vue. Le Belge, suspendu à vie, s'en prend notamment à Greg Lemond ainsi qu'aux managers des équipes françaises.
Johan Bruyneel (55 ans) ne range jamais bien loin son bazooka. Et alors qu'ESPN a diffusé tout récemment la seconde partie de son documentaire consacré à Lance Armstrong et à sa chute, l'ancien directeur sportif suspendu à vie pour son implication dans le dopage de l'Américain ressort son lance-roquettes et tire de nouveau à vue. Dans le viseur cette fois du Belge tant controversé : Greg Lemond et également les managers des équipes françaises. Interrogé longuement dans les colonnes de l'hebdomadaire flamand Humo, Bruyneel ne supporte plus d'entendre le Californien vainqueur à trois reprises du Tour de France (en 1986, 1989 et 1990) continuer d'affirmer qu'il a obtenu ces trois sacres sans avoir recours au dopage. Ce qui est complètement faux, à en croire l'ancien coureur de l'équipe espagnole ONCE. « Dans les années 1990, tout le monde avait accès aux mêmes médicaments, le dopage sanguin et l'EPO. Greg LeMond dit toujours qu'il est le seul vainqueur propre. Ce sont de grosses conneries ! Il a toujours roulé pour des équipes françaises (à l'exception de son passage chez PDM en 1988 et ADR l'année suivante), des équipes qui étaient les rois de la cortisone. On ne peut pas imaginer qu'il n'ait jamais rien pris ! Il a battu Bernard Hinault et Laurent Fignon, deux coureurs qui ont admis avoir pris des produits. Vous ne pouvez pas battre les meilleurs mondiaux qui se sont dopés sans prendre quelque chose vous-même. Mais Greg LeMond était le meilleur de sa génération, tout comme Bernard Hinault, Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Miguel Indurain. Et il en va de même pour Lance Armstrong. Nous avons gagné tous ces Tours grâce au talent, à la stratégie et à une préparation méticuleuse. »
Bruyneel : « Madiot a retroussé sa manche et s'est planté une seringue... »
« Une préparation méticuleuse » que maîtrisent à merveille les patrons des équipes françaises, toujours dixit Bruyneel. Pour ce dernier, les trois managers qu'il cite, à savoir Marc Madiot, Vincent Lavenu et Jean-René Bernaudeau ont juste eu la chance, contrairement à lui, d'être passés à travers les mailles du filet, notamment du temps où ils étaient encore coureurs eux aussi. « C'est surtout l'hypocrisie qui fait le plus mal. Prenez Marc Madiot, Vincent Lavenu et Jean-René Bernaudeau, les éminences grises du cyclisme français. Ils continuent de me juger sur mon passé alors que ce qu'ils ont fait a été pardonné », peste le Flamand, qui se remémore (encore une fois, est-ce de l'info ou de l'intox) une scène complètement incroyable de Madiot en train de se doper ouvertement sans s'en cacher, un instantané qui n'a jamais cessé visiblement d'hanter l'ex-mentor d'Armstrong. « J'ai fait une course par étapes à l'étranger lors de ma deuxième année professionnelle. J'étais complètement essoufflé entre les voitures de directeurs sportifs, mais j'ai tout fait pour terminer cette course. Le tirage au sort pour les contrôles antidopage a été annoncé à mi-parcours sur les ondes de Radio Tour. Marc Madiot est descendu à sa voiture, a entendu dire qu'il n'était pas concerné, a retroussé sa manche et s'est planté une seringue dans le haut de son bras. Cette image est restée dans ma tête toute ma vie. » Et Bruyneel de conclure sur une énième charge concernant nos compatriotes : « Et ce sont donc ces hommes qui continuent de me condamner ainsi que Lance ! »