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beIN Confidences / Edouard Mendy : "Au chômage, plus personne ne pense à toi..."
Je ne pensais pas me retrouver au chômage un jour.
Quand tu joues tous les week-ends depuis gamin, tu es dans ta routine, dans ton cocon. Tu ne sais pas vraiment ce qu’est la vie de « citoyen ». Je me suis retrouvé au chômage car, comme certains, je me suis fait un peu avoir par un agent.
C’était en 2014 après mon passage à Cherbourg.
J’avais pris cet agent pour aller en Angleterre, finalement, ça ne s’est pas fait. J’avais des offres en CFA et même de doublure en National mais j’avais décliné car il m’avait assuré que j’allais aller en Angleterre. Tout le mois de juillet et d’août à attendre un appel ou des messages de sa part…
J’attends, j’attends, j’attends et finalement je reçois un texto à la toute fin du mois d’août. Là, il m’explique en gros qu’il n’a pas pu me trouver de porte de sortie en Angleterre et qu’il cherche une solution… En attendant, il me dit que je peux m’entraîner avec mon club formateur, Le Havre.
Là, c’est la douche froide complète.
En plus, je m’adresse à un mur. Pendant deux mois, j’ai appelé sans qu’il me donne de nouvelles. Je me suis entraîné comme un malade mais je me rends compte que je me suis préparé pour rien. Le pire dans tout ça, c’est que j’ai refusé des contrats.
Je perds tout d’un coup.
Je pars à l’entraînement au Havre mais ma tête est ailleurs. Je mets deux, trois semaines à vraiment réaliser ce qu’il se passe. J’avoue m’être posé la question à ce moment-là d’arrêter. Mais l’entourage a fait la différence dans mon cas. Si tu n’as pas un entourage qui croit en toi et qui est là pour donner la bonne parole au bon moment, c’est là que ça se complique.
En attendant, j’entre dans la « vraie vie ». Je ne suis plus sous contrat, il n’y a plus d’argent qui rentre. Du coup, il faut pointer au chômage. Mais comment on fait ça ? Dans le foot, on est dans un cocon donc on ne sait pas comment ça se passe… Quand on est dans un centre de formation, dès que tu as besoin d’un médecin, tu n’as pas à te déplacer, il est déjà au club. Quand tu dois faire des semelles, tu as le podologue qui se déplace ou tu deviens prioritaire dans son cabinet. Si tu habites à Paris et que tu veux rentrer chez toi, c’est le club qui prend tes billets. Le joueur n’a rien à faire en somme. Mais quand tu sors de ça, tu te rends compte que tu as tout à faire toi-même. C’est pour ça qu’il y en a plein qui arrêtent quand ils vivent ce genre de mésaventures.
J’ai ma famille qui m’aide, mon père, mes frères, ma grande sœur qui me donnent un coup de main sur la paperasse pour aller pointer au chômage. Là, tu déchantes. On t’appelle, on te dit que tu as rendez-vous à 8h45 à Pôle Emploi.
J’entre dans le bâtiment, je vois qu’il y a des gens assis dans la salle d’attente. J’attends 20, 25 minutes comme ça et je vois que la dame à l’accueil ne bronche pas. Mais je n’avais pas compris qu’il fallait prendre un ticket…
Tu vois un conseiller, tu lui dis ce que tu cherches. Il te regarde et il dit : « Je ne peux rien faire pour vous si vous cherchez un club ». C’est une situation un peu bizarre car je suis là, il est là et, au final, il ne peut pas m’aider… Mais obligé de passer par là.
J’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner au Havre mais un entraînement par jour, ça ne me suffisait pas. J’étais revanchard et remonté contre tout le monde. Le matin, je m’entraînais avec le club, l’après-midi, j’allais au stade. Je partais avec mon petit frère et un sac de ballons. Il me mettait des frappes, je faisais des spécifiques et je faisais tout pour pouvoir sauter plus haut et aller plus vite. Je travaillais pour être prêt pour la prochaine opportunité.
C’est le mental qui est mis à rude épreuve. Ma famille m’a donné beaucoup de force mais pas que. Les gens de mon quartier connaissaient tous ma situation. J’entendais des « lâche pas, continue, c’est bien ». Tu croises un mec qui te le dit, ça donne de la force. Dans mon quartier, il y en a beaucoup qui comptaient sur moi pour que je réussisse donc ça leur tenait à cœur. Ma réussite, c’est leur réussite, c’est la fierté du quartier. C’est important car tu deviens un repère pour les jeunes du quartier après. C’est pour toutes ces raisons-là que tu prends plein de forces et que tu continues à t’entraîner dur.
Mon quartier, c’est Caucriauville d’où viennent Mamadou Niang, Souleymane Diawara, Charles Nzogbia, Julien Faubert, Lassana Diarra ou encore Vikash Dhorasoo. Il y avait un bon petit niveau hein ! Mamad (Niang) a aussi eu un parcours compliqué, je connais bien sa famille, mais lui comme d’autres se sont donnés pour atteindre leurs objectifs.
Après, à Caucriauville, tous les 100 mètres, tu as un city-stade et il y a plein de grands terrains dans le coin. On a grandi avec le ballon. A part ça et l’école, il n’y avait rien d’autre.
Mais revenons à cette année de galère. Je m’entraînais avec la réserve du Havre. A l’entraînement, les mecs voyaient qu’il y avait un problème que je me retrouve sans club. Il y avait déjà trois, quatre gardiens au HAC. En plus, je suis arrivé fin août donc il n’y avait pas d’opportunité pour moi de signer là-bas. J’ai essayé de me tenir prêt au cas où. Mais c’est vrai que j’étais dégoûté du football.
C’était frustrant de voir du foot. Je n’arrivais plus à regarder de matchs le week-end à la télé et la Ligue des Champions, cette saison-là, je ne l’ai quasiment pas regardé. Il y avait des mecs avec qui j’ai été formé qui étaient en Ligue 2. J’étais content pour eux mais c’était trop frustrant pour moi. Je me disais que ça ne serait pas pour moi…
« Merde, j’ai raté quelque chose ».
Après, tu prends de la distance, tu travailles, tu travailles et tu te dis : « Non, je vais provoquer ma chance ». Et, autant en juin, juillet, il y a 2, 3 agents qui t’appellent mais arrivé en octobre-novembre, il n’y en a plus aucun qui t’appelle… Là, tu te dis que tu es tout seul. T’es limite à demander des numéros d’agents pour qu’ils te trouvent quelque chose. T’es hors du circuit, tu n’as plus de visibilité et plus personne ne pense à toi.
L’envers du décor, ça fait mal.
On se dit que plus le temps avance sans club, plus c’est compliqué. Le temps jouait contre moi. J’allais sur mes 23 ans, ça n’est pas comme si je m’étais retrouvé au chômage à 27, 28 ans et que j’avais fait de la L2… A ce moment-là, je n’avais fait que de la National ou de la CFA, aucune saison en pro…
Mercato d’hiver, rien… Tu arrives en décembre, il y a un club de CFA qui m’appelle pour être numéro 2. Vous savez comment ça marche en CFA ? Des fois tu t’arranges : le joueur qui a un contrat fédéral, tu le laisses au chômage et tu lui donnes un complément. Tu arrives à vivre mais je ne voulais pas de ça, tu ne peux pas te projeter avec de tels montages. Il y a même un club de DH qui m’a appelé pour venir prendre du temps de jeu. Là, je me suis dit : « Un club aussi bas me contacte, là, ça va être compliqué. »
J’aurais eu l’impression de revenir en arrière. Cherbourg, c’était de la DHR et j’étais arrivé à sortir de tout ça en jouant en CFA et en National. Et là bim ! C’était difficile à encaisser.
J’ai préféré rester toute l’année au Havre pour profiter des entraînements de très grande qualité de la part de l’entraîneur des gardiens, Michel Courel. Il a formé des grands gardiens : Brice Samba, Steve Mandanda, Zacharie Boucher. Je suis retourné à la bonne école. Ça m’a fait du bien aussi de retourner chez mes parents, ça faisait trois ans que j’étais parti. Il fallait à tout prix que je trouve des points positifs à ma situation.
J’ai fini l’année et, au mois de mai, j’ai commencé à avoir des contacts avec des clubs de CFA. Ils n’ont pas beaucoup d’argent et ça n’était que des propositions pour être numéro 2 ou 1 bis. Ça n’était pas ce que je voulais. Après j’ai eu une proposition pour une place de numéro 2 en National. Ça m’a fait réfléchir mais c’était loin du Havre et, quitter mes parents pour de telles conditions salariales, ça n’était pas possible. En plus, j’allais être père donc j’avais besoin de stabilité. Je ne pouvais pas me permettre de faire des petits contrats d’un an par-ci, un an par-là.
Là, je me dis que c’est mort, que je vais arrêter le foot et que je vais aller bosser. J’ai un Bac commerce donc je réfléchissais à devenir vendeur dans une boutique.
Et là, je reçois un coup de fil d’un pote qui était à Cherbourg avec moi. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas eu au téléphone. Il m’a demandé des nouvelles, m’a dit qu’il était en contact avec l’entraîneur des gardiens de la réserve à Marseille et que ce dernier recherchait un gardien. Il m’a demandé ce que j’en pensais. Moi, je ne m’attendais à plus rien. Il me passe le numéro de l’entraîneur, je l’appelle, il discute 5 minutes avec moi pour connaître ma mentalité. Il voit que ça va et me propose de venir faire un essai.
Là, je me dis : « En décembre, on me parlait de DH ou d’être deuxième gardien en CFA, et là, on me parle de Marseille. C’est ma dernière chance. Il ne faut pas se mentir, c’est ma dernière chance pour atteindre le niveau que je veux, le niveau pour lequel je me lève tous les matins ».
Du coup, je prends le train, je vais à Marseille. On va directement jouer un match amical à Toulon ou Hyères, je ne sais plus. Ça se passe très bien. Ils sont contents. Pareil le lendemain quand je m’entraîne avec la réserve. Les quatre derniers jours de l’essai, comme ça s’est très bien passé, je m’entraîne avec les pros. J’arrive avec toute la clique : Lass (Diarra), Alessandrini, Barrada, Cabella, tout ça. Là, tu te dis qu’il faut tout donner. C’est ce que j’ai fait pendant 4 jours.
Les mecs m’ont super bien accueilli, comme Steve Mandanda qui était formé bien sûr au Havre. Après, quand tu es bon dans le but, tu t’acclimates plus vite, les gens vont plus vite vers toi, ils veulent plus vite te connaître, c’est normal. Du coup, ça a accéléré mon intégration au stage.
Je me rappelle, il y a Lass Diarra qui est venu me demander de quel club je venais. Je lui ai répondu de Pôle Emploi. Je vous jure : il a mis 3, 4 jours à me croire ! Il me disait que ça n’était pas possible, il était choqué. Comme lui venait du Havre, il traînait souvent à Caucriauville donc on avait des amis en commun. Il m’a vraiment aidé à m’intégrer.
A la fin des quatre jours, ils étaient très contents de moi, sachant qu’à la base, mon essai n’était pas prévu. C’est par du bouche à oreille qu’ils avaient trouvé mon profil. Ils avaient déjà prévu de voir un gardien donc ils sont quand même allés le voir avant de me donner une réponse. Je suis retourné chez moi et quand les gens me demandaient comment ça s’était passé, je répondais : « Franchement, je ne sais pas ! »
Pendant deux, trois jours, je me fais un peu des films, je suis dans le doute. C’est normal quand tu sors d’un an de chômage. Le samedi qui suit, Stéphane Cassard, l’entraîneur des gardiens à l’OM, m’appelle et me dit que je leur ai fait vraiment une bonne impression et qu’ils allaient me faire signer. Je raccroche et là, tout retombe.
Tu repenses à cette année de galère, à quand personne ne te trouvait quelque chose, quand les agents ne t’appelaient plus, quand tu restais chez toi à ne rien faire, quand tu prenais ton sac pour des entraînements au stade avec tes frères qui frappaient pendant deux heures au but, aux séances de musculation en solo… Tout ça a payé ! Et tu vois la fierté dans le regard de tes parents et de tous ceux qui comptent pour toi. Ça fait du bien !
Je pars à Marseille. L’année se passe très bien. Au mois de mars, Stéphane Cassard revient vers moi et me dit qu’ils veulent me faire signer deux ans de plus. J’avais signé qu’un an à la base car ils voulaient un 4ème gardien pour jouer avec la CFA et s’entraîner avec les pros.
L’OM attendait une réponse. J’ai tout donné pendant cette année-là. C’était une belle récompense d’avoir un club comme Marseille qui m’offrait un contrat professionnel. Je leur dis que j’avais besoin de réfléchir car mon objectif depuis le début était de jouer au niveau pro. Mais j’avais le recul nécessaire pour me dire qu’un contrat pro à Marseille, ça n’était peut-être pas aussi bien qu’un contrat pro en Ligue 2.
J’ai pris le temps de réfléchir.
Contrairement à quelques mois plus tôt, le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Des clubs de Ligue 2 m’appelaient. Tu arrives à un moment de ta vie où tu as le choix. Quatre clubs m’ont appelé, plus la proposition de Marseille. Je me dis que j’ai les cartes en main mais qu’il faut que je fasse le bon choix pour continuer à avancer. J’ai bien réfléchi et j’ai opté pour le projet de Reims. Ils me voulaient comme doublure, normal vu que je venais de CFA, mais ils avaient un vrai projet avec moi à moyen terme. Le feeling est très bien passé avec l’entraîneur des gardiens Sébastien Hamel. J’ai décidé de rejoindre Reims à la fin de l’année.
Un aboutissement : je signe mon premier contrat pro à 24 ans. Mieux vaut tard que jamais.
Ma famille est contente. Je signe dans un club qui venait de descendre de Ligue 1 mais qui avait comme ambition de vite remonter. Je savais que l’année allait être intéressante. Je suis remonté pas très loin du Havre car Marseille, c’était à l’autre bout de la France. C’était compliqué pour faire des allers-retours. A Marseille, je ne pouvais revenir qu’une fois par an. Là, c’était juste un peu plus de 2h30. C’était plus abordable en termes de trajet.
J’avais aussi une proposition d’Ajaccio mais c’est clair que la distance a mis un frein. C’est magnifique la Corse mais c’était trop loin. J’avais besoin de voir ma famille. Je pars de Marseille, Stéphane Cassard est un peu dégoûté, Franck Passi aussi. Mais ils comprennent car ils connaissent un peu mon parcours. Ils me souhaitent bonne chance.
J’arrive à Reims, je fais la présaison et c’est clair : je suis le numéro 2 derrière Johann Carrasso. Je m’intègre bien, je me sens à ma place. Etre dans un groupe où tu es 3ème ou 4ème gardien, c’est différent que lorsque tu es numéro 2 : si le titulaire se blesse, c’est à toi de jouer. Je me prépare pour ça. Et là incroyable : notre premier match, c’est un lundi face à Amiens. On jouait en décalé. On arrive au Stade de la Licorne. Je me dis que c’est la récompense des efforts et que j’ai bien fait de ne pas avoir lâché. J’apprécie le moment. Je me prépare comme si j’allais jouer mais sans plus car c’est le premier match de la saison. Johann est prêt, il a fait une bonne prépa donc il n’y a pas de soucis.
Et là, au bout de 5 minutes, ballon en profondeur, l’attaquant devance Johann, Johann le percute et tac il prend carton rouge. Et là, tu as tout le monde qui me regarde. « Ah putain déjà ? »
Le coach des gardiens me dit : « Ça y est, c’est à ton tour ».
Du coup, je rentre sur le terrain, sans repères mais je me suis dit que c’était une belle opportunité à ne pas rater. Pas de stress ! Pendant la prépa, je me demandais comment allait se passer mon premier match mais, au bout du compte, j’étais à ma place. C’était que de l’adrénaline. Tu es sur le terrain, tu es sur le qui-vive, t’es hyper réactif, le moindre ballon tu te jettes comme un fou, tu es dedans. Ça se passe super bien. On passe le match à 10 contre 11 donc j’ai beaucoup d’arrêts à faire. On réussit à arracher le nul. Vraiment une bonne première !
Et là, je me dis : « C’est parti ! »
Même si ça n’était que sur un match, j’ai montré des bonnes choses à un haut niveau. Le deuxième match, on joue à domicile à Delaune face à Bourg-en-Bresse. Premier match devant les supporters, c’est l’été, il y a du monde. On gagne 1-0, ça se passe hyper bien. Là, tu te dis que t’es dans le bon wagon même si le coach remet logiquement Johann les matchs suivants.
Je rejoue en novembre quand Johann se blesse, je ne prends pas de but. C’est bien car au fur et à mesure, tu te donnes de nouveaux objectifs. Le premier, c’était d’apprendre vite, d’observer et de te tenir prêt quand tu vas jouer. Ensuite, tu te dis que lorsque tu joues, il ne faut pas que tu prennes de but et qu’il faut apporter à l’équipe, être décisif dans les moments chauds. C’est ce que j’ai fait.
C’était bien car je venais de CFA et, pour une première année, j’avais fait une dizaine de matchs. Nouvel objectif à la fin de cette année : maintenant, je suis prêt, je veux jouer.
Le coach Michel Der Zakarian part, le coach David Guion le remplace. Il nous prend dans le bureau Johann et moi. « Avec moi, il n’y a pas de n°1 ou de n°2 ! Celui qui fait la meilleure prépa sera titulaire la saison ».
C’est carrément ce que je voulais. Depuis tout petit, je suis dans un état d’esprit où il faut que je montre des choses. Donc ça ne me changeait pas de d’habitude. Tout ce que j’avais appris, il fallait que je le mette en application. Il fallait que je prouve au coach que l’équipe tournait mieux avec moi dans le but. Et il a décidé de me titulariser pour la saison.
Le premier match de la saison, on joue à Nîmes qui avait raté de peu la montée l’année précédente. C’est le début de tout. C’est ma première année titulaire et c’est le départ d’une année incroyable pour tous les joueurs. On enchaîne quatre victoires d’affilée pour la lancer et zéro but encaissé. Le 5ème match, on le perd 2-1 avant de refaire une série de quatre succès. C’était comme ça toute l’année ! On a battu tous les records collectifs, sauf le record de buts encaissés. On était à 22 buts et le record à 20. On s’est un peu relâché en fin de saison et c’est ce qui a fait qu’on a pris quelques buts en trop. Ce qui m’a un peu "chafouiné" je dois l’admettre… Le coach m’a dit d’être un peu plus cool avec moi-même et avec l’équipe car je devenais fou à chaque fois qu’on prenait un but.
Je deviens champion de France pour ma première année titulaire. Ma famille est fière de moi. Je revois mes enfants sur le terrain en train de célébrer le titre. Dans quelques années, ils se diront : « Ouais, mon père, il a fait ça ». C’est une fierté par rapport à eux. C’était que du positif.
Après, il y a eu la découverte de la Ligue 1. J’ai été pas mal sollicité l’été d’avant, il y a eu une période de réflexion mais je savais très vite ce que je voulais : jouer en L1. Je n’allais pas laisser passer cette opportunité d’être performant dans l’élite.
Je n’ai pas mis les gants de toute la préparation car je me suis blessé mais grâce au gros travail des préparateurs physiques, j’ai pu jouer lors du 1er match face à Nice. On a gagné 1-0, le deuxième match, on gagne 1-0 aussi contre Lyon à domicile. L’équipe tourne, c’est le principal. Le maintien, on fait plus que le valider car on finit 8ème avec la 4ème meilleure défense. C’était vraiment la réalisation de tous les objectifs que je voulais atteindre avec le Stade de Reims.
En avril, mai, j’ai commencé à réfléchir sur mon avenir. « Ça fait trois ans que tu es à Reims, et deux en tant que titulaire avec des bons résultats. Maintenant, qu’est-ce que tu veux ? »
L’objectif était d’aller encore dans un club qui me permettrait de progresser. Je reste à Reims ? Ou est-ce que je progresse plus vite que le club ? Je pensais pouvoir rejoindre un club qui me permettrait de jouer la Coupe d’Europe et ainsi poursuivre ma progression constante.
Rennes s’est positionné très tôt. C’était pile ce que je voulais. Ils venaient de gagner la Coupe de France donc je sentais qu’il y avait de l’engouement dans le club. Il y avait d’autres sollicitations en Angleterre ou même en France mais j’ai préféré aller à Rennes. C’était le projet qui regroupait toutes les options que je m’étais fixées.
Ça a pris un peu de temps car les deux clubs n’étaient pas d’accord au début, d’autres clubs étant prêts à débourser plus d’argent pour m’avoir. Je remercie d’ailleurs Reims de m’avoir laissé filer là-bas.
Me voilà à Rennes ! Un club au-dessus : un stade plus grand, un effectif de très grande qualité. Je me dis que je suis au bon endroit et qu’il faut que je continue à bosser pour progresser. Et c’est ce qu’il s’est passé.
J’ai pu découvrir la Ligue Europa et des stades comme le Stadio Olimpico de Rome ou le Celtic Park du Celtic Glasgow, des vraies terres de foot. Le groupe a beaucoup avancé grâce à ce genre de matchs. On a terminé à la 3ème place de L1 suite à l’interruption du championnat. Et je tiens à le dire : cette 3ème place, on l’a acquise dès la 3ème journée donc ça prouve qu’on a eu une certaine régularité. Cette place-là, on l’a amplement méritée.
Maintenant, on y est, tout le monde est content. J’ai fait encore le bon choix. Là, on est assurés au minimum de disputer la Ligue Europa. Et si ça se passe bien, la Ligue des Champions. Pour tous les footballeurs, c’est l’ambition ultime.
A titre personnel, j’ai fait beaucoup de chemin et je me dis que je n’ai pas fait ça pour rien !
Propos recueillis par Pierre Godfrin
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